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24/10/2019

Le CNB lance une étude d'impact.

Sur proposition de la commission Prospective et Innovation et de son président Louis Degos, qui a remis un rapport intitulé « Notations, classements, avis sur Internet : les avocats étoilés », sur les enjeux de la notation des avocats en interrogeant experts du numérique et professionnels, le CNB réuni en assemblée générale les 11 et 12 octobre, a voté la création d’un groupe de travail ad hoc chargé :

  • d’initier une étude spécifique sur l’impact du numérique dans le parcours d’acquisition client ;
  • d’examiner les aspects déontologiques susceptibles d’être soulevés par la notation et par l’intermédiation ;
  • et de réfléchir sur les nouvelles et les bonnes pratiques en matière de notation pour les avocats et pour les tiers.

Sur la méthode, selon les mots de Louis Degos : « La commission Prospective et Innovation ne méconnaît pas l’hostilité d’une partie de la profession vis-à-vis de systèmes en ligne de notation (au sens large d’appréciation) des avocats, pour des raisons qu’elle entend et dont le présent rapport tient compte. Il ne s’agit en aucune manière d’une prise de position en faveur ou contre ce qui, au-delà d’une idée abstraite, est devenu un phénomène difficile à contenir, sans être non plus complètement incontrôlable si son évolution est anticipée. Force est en effet de constater que d’autres professions ou d’autres industries (médecins, agence de voyage, transports, hôtellerie, restauration, etc.) ont été impactées, et parfois révolutionnées, par l’intermédiation-notation numérique ».

Le rapport explore les différents secteurs qui ont été contraints de composer avec la notation, les conduisant à revoir leurs modèles, et interroge la profession d’avocat, plutôt réticente, sur une évolution jugée inéluctable.

Le rapport revient sur la plateforme avocat.fr, première plateforme d’intermédiation et de référencement des avocats, initiée par le CNB, qui ne propose toutefois pas de système de notation des avocats. Il décrypte ce que recouvrent la notation et ses différents critères, entre notation de satisfaction et notation de performance. Et conclut que « le meilleur moyen d’éviter les aspects possiblement négatifs de la notation est de s’emparer de la notation, de la noter, de l’influencer, de l’encadrer, bref de savoir si la notation est bonne ou mauvaise ». L’une des pistes proposées est de permettre au CNB d’être « comparateur de comparateurs », ou encore d’être organisme de délivrance de labels ou équivalent à d’autres plateformes de notation.

La notation est in fine envisagée de façon positive : « abstraction faite du débat autour de la notation, celle-ci est de nature à augmenter l’attractivité d’un site pourvu que soit garantie la fiabilité des notes et des commentaires. La méthode d’élaboration de la notation doit tenir compte du fait que les clients ne sont pas en capacité de juger des qualités de juriste alors qu’il leur est facile d’apprécier les différentes modalités de la prestation de service. (…) La question de savoir s’il est pertinent de craindre le commentaire incendiaire a été examinée. L’hypothèse du client venant réduire à néant des années de bonne réputation est un scénario qui apparaît fantasmé. Il ne se produit jamais et, pour cause, les clients n’ont pas connaissance de cette réputation. Le rejet de la notation, pour cette raison, n’est donc pas justifié et, au surplus, les avocats se privent de savoir ce que leurs clients pensent d’eux. À cet égard, la notation de l’avocat amène à s’interroger et étudier le parcours d’acquisition de clients ce qui est aujourd’hui nécessaire et indispensable à la profession d’avocat pour se positionner aussi bien auprès de ses clients que de la société civile toute entière ».



Sources : CNB, résolution, 12 octobre 2019.

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